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La cité engloutie

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Message par Edwën Lun 17 Fév - 16:45

(Le texte n'a aucune incidence irp, c'était juste un petit passage d'inspiration, précisant un peu des petites choses sur Edwën - être prêtresse de l'ombre n'est jamais sans incidence - et voilà. Il y a des références à Lovecraft et la boîte à puzzle de Yogg Saron, d'ailleurs, je m'en cache pas ! Enjoy)


Alors que sa tête roulait sur l’oreiller et que sa conscience sombrait dans le sommeil, que ses yeux étaient d’ores et déjà clos dans l’abîme de ses paupières closes, et qu’elle venait tout juste de se couper du monde des vivants pour entrer dans celui de l’onirique, alors que son corps trouvait enfin le repos du dormeur, alors que tout autour d’elle avait cessé d’exister pour son esprit, alors qu’elle ne ressentait plus même la masse qui se trouvait à côté d’elle, Edwën se mit à rêver.

Elle se trouvait sur une plage, un rivage, et devant elle s’étendait l’infinie présence grise de l’océan, et rien d’autre n’avait de couleur. Le ciel était sombre, l’on aurait pu dire que c’était la nuit, mais la lumière ambiante permettait de voir ce qui se trouvait autour. Il n’y avait pas grand chose. L’atmosphère était terne et l’ambiance était morte, et Edwën était seule. Alors elle avança vers l’eau, et lorsque son premier pied  toucha celle-ci, elle fut surprise de la texture du liquide. Dense et épais. Elle se trouva bien incapable de reculer, et elle continua d’avancer. Ses jambes s’enfonçaient peu à peu dans l’océan sans fin. Elle ne sentait pas la sensation habituelle de l’eau contre sa peau, elle ne sentait même pas l’air entrer et sortir de ses poumons, elle ne sentait pas son cœur battre. L’affreuse perspective d’être morte la fit angoisser l’espace d’un instant. Elle ne s’arrêta pas pour autant.
L’eau était maintenant à sa taille, et continuait de la happer toujours plus loin. Le temps n’existait pas, mais si c’était le cas, elle aurait dit qu’il passait lentement. Et continua, encore, jusqu’à ce que l’eau arrive à ses épaules. Il lui semblait que sa poitrine était oppressée par quelque chose, comme écrasée. Comme s’il lui manquait de l’air, air qu’elle ne se trouvait pas de respirer. Ses pieds ne quittèrent pas le sol lorsque le liquide arriva en haut de son crâne. Elle voyait ses cheveux onduler autour de son visage : de fins filaments noirs qui contrastaient avec le gris de la mer, qui
s’étendaient et s’étiraient infiniment pour se rétracter à un rythme régulier, et elle ne voyait rien d’autre.
Sous ses pieds, elle ne ressentait plus du sable. Mais au fur et à mesure qu’elle marchait, c’était une surface lisse, plane, et qui semblait glisser un peu parfois, comme visqueuse, qui était apparue. Et qui finit par se dérober sous elle, emportant alors la prêtresse avec lui vers des abysses profondes et qu’elle aurait dit sans fin. Elle se sentie saisie par une main froide à sa cheville droite, dont les doigts étaient palmés et sirupeux, et dont les griffes, semblables à des lianes, s’enroulaient autour de sa jambe dans un crissement quelque peu douloureux. Cette main l’attira encore et encore à travers l’eau opaque et grise, traversée parfois de zones d’ombres incertaines, ou par des yeux globuleux qui ne laissaient voir d’eux qu’un vert luisant et inquiétant.

Les étoiles traînent des courants glacés qui font frissonner les hommes dans le noir.

Et elle se laissa glisser, happée, plus loin, plus loin encore, à la fois terrifiée et givrée par l’angoisse qui lui montait à la gorge, l’horrible sensation d’aller vers des territoires d’un temps oublié, dans des étendues froides et dont l’horizon ne se termine jamais, vers des lieux profanes et des lieux d’anciens cultes, vers des lieux morts, et des lieux où résident mille et une folies, et à la fois exaltée de laisser son esprit dériver à cette démence qu’elle pourrait y trouver, exaltée par l’idée de laisser aller sa conscience même vers l’iréel.
Enfin, après un temps, peut-être deux, son pied toucha quelque chose qui se trouvait être un sol. Sa vue lui revint enfin : elle découvrit autour d’elle une cité immense qui s’étendait sous la mer, sous les profondeurs enfouies du monde, et dont les bâtiments étaient plus vieux que lui. Certains n’étaient que des ruines et d’autres portaient encore la splendeur d’un temps qui a connu la gloire. Edwën décida d’en faire la visite, et marcha à l’aveugle à travers les dédales de rues et de couloirs dont était composée la ville.
Elle ressentait, alors qu’elle passait devant des monuments et des temples, que cette ville était une ville de crimes horribles, innommables et nombreux. Elle se laissait bercer pas les plaintes qui se faisaient entendre parfois, lointaines, des échos de souvenirs, échos du passé, qui étaient parfois supplantées par des grondements et des raclements indistincts que la prêtresse ne prenaient pas pour un danger.

Peu à peu, alors qu’elle découvrait les vestiges anciens d’un monde inconnu, plusieurs bêtes vinrent à sa rencontre : aquatiques pour la plupart, mélanges d’hommes et de poissons dans des proportions parfois effrayantes et toujours aléatoires ; dont les jambes se trouvaient muées dans des écailles ou queues de poissons, dont les mains étaient palmées ou absentes, dont le cou étaient garni de branchies ou d’une multitude de petits piques, dont le buste se trouvait plus ou moins bien formé. Pour d’autres, certains bras, mains, doigts, étaient remplacés par des tentacules, ou bien des griffes acérées, des pinces énormes ou au contraire, minimes. Des ceux là, il y en avait qui se tenaient courbés, d’autres à quatre pattes, et quelques uns rampaient.
Ils ne la gênaient pas, au contraire : ils la suivirent alors qu’elle avançait droit, regard fixé devant elle ou bien sur les bâtisses étranges, fière devant cette meute peu banale qui s’étendait derrière elle, comme des fidèles partisans derrière un Chef, derrière une icône, adoptant son allure. L’attroupement devint rapidement gigantesque et tous les habitants de la cité marine se trouvèrent bientôt à la suivre. Quelques plus audacieux, et les plus petits, vinrent même parfois sur elle : l’un était venu prendre appui sur son épaule, et un autre s’était enroulé autour de sa cuisse gauche, l’un avait trouvé refuge près de sa nuque, caché parmi la chevelure ébène de la jeune femme qui continuait d’onduler autour de son visage, et un autre s’était posé sur l’un de ses pieds.


Les esprits torturés de vos ancêtres s'accrochent à vous, hurlant en silence. Ils semblent être très nombreux.”

Et Edwën s’avança dans cette cité d’un autre âge, jusqu’à ce qu’un temple gigantesque parvint à sa vision. Assurément le principal bâtiment de la cité, elle s’y dirigea, suivie de ses fidèles. Avec l’étrangeté caractéristique des rêves, ce temple semblait, lui, bel et bien engloutit à travers les mers. Des algues parsemaient les marches qui menaient jusqu’à l’entrée, les murs étaient comme fragilisés par l’eau. Des fruits de mer, ici et là, avaient pris place. Tous étaient gris, bien entendu, mais quelques uns avaient des ébauches de couleurs ternies. Et la prêtresse continua son chemin, guidée cette fois-ci par un chat noir qui avait pointé son museau, l’entraînant avec lui, et l’incitant à pénétrer dans le gigantesque hall qui se faisait voir, après les nombreuses marches parcourues.

Dans la cité engloutie, il dort en rêvant.”

Le temple n’avait qu’une unique salle, qui à elle seule en valait bien d’autres du monde qu’elle connaissait. Elle était pratiquement vide, mais sa majesté et sa capacité à traverser les âges la rendait intimidante, écrasante. Il y avait, au centre, un petit bassin d’eau vide, et au milieu de ce bassin, il y avait une pierre de la taille d’une bonne main, noire. Elle n’avait aucun reflet, aucune lumière, elle était d’un noir profond, un noir qui ne laissait rien s’échapper, et qui laissait entendre une pulsation régulière, dont le bruit était si fascinant qu’il plongeait généralement tout ceux qui l’entendaient dans des abysses plus profondes encore que cette cité. Cette pierre était posée sur un socle en pierre, qui était comme tout le reste de la ville : ancien, curieux, et qui portait la trace d’une équanimité étrange, mêlée à des peurs passées, des désirs refoulés, des angoisses et des désespoirs effacés.
Le chat s’y dirigea tranquillement, trottinant avec le même flegme qu’un chat quand il se sait à l’aise et chez lui, à la chaleur d’un foyer. Edwën, elle, attendit un peu avant de le rejoindre. Les habitants de la cité entraient à leur tour dans la grande salle et prenaient place, en un gigantesque cercle qui collait les parois du temple, chacun y trouvant sa place. Un petit groupe choisit de rester près de la jeune femme, et ils vinrent se coller à elle, se pelotonner contre ses jambes, tenter d’obtenir une caresse de sa main. Elle n’entendait plus de plainte, plus rien. Seulement le battement du cœur régulier, qui trouvait sa résonance au plus profond de son esprit. Le chat se frottait au socle, patientant tranquillement.

Elle se décida, alors, à avancer encore. Elle atteint la pierre noire assez vite, et se perdit un temps infini dans son observation. La pierre lui parlait, lui chuchotait des connaissances et des vieilles traditions, la pierre lui apprit l’existence d’autres mondes et d’autres plans, de dieux oubliés, de croyances obscures, la pierre lui apprit bien des choses. Et elle lui intima de lever la tête. Ce qu’elle fit.
Elle n’avait pas remarqué l’ouverture du plafond, mais il y en avait effectivement une : un rond, simple, qui se démarquait clairement de la coupole. Malgré le gris des murs et le gris de l’océan au dehors, elle distinguait très clairement le bouc noir à sept yeux qui l’observait de l’extérieur. La prêtresse fut prise de sensations étranges et incroyablement intenses. Elle avait sous les yeux l’interdit, l’innommable, ce qui ne devait pas exister, et ce qui n’était pas concevable. Prise d’une exaltation lancinante et d’une terreur qui la clouait au sol, elle attendit que son esprit ne soit plus capable de supporter la vision qui s’imposait à ses yeux, et enfin, Edwën fut replongée dans un sommeil tranquille, et oublia tout de ce que le cœur noir du dieu noyé lui avait dit.

Y'knath k'th'rygg k'yi mrr'ungha gr'mula.”
Edwën
Edwën

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Date d'inscription : 07/02/2014

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